Très tôt, les grecs ont été interloqués par leurs propres traditions. Homère et Hésiode décrivent les dieux comme des personnes colériques, belliqueuses, menteuses, lubriques, vicieuses, etc. Cependant, un dieu n'est-il pas parfait et supérieur aux hommes ?
Je vais présenté ici les pensées opposées de deux écoles dominantes à propos des dieux : l'épicurisme (le Jardin) et le stoïcisme (le Portique).
Les dieux selon le Jardin
Les dieux, comme nous -et comme chaque chose- sont matériels, mais ils sont faits d'une matière beaucoup plus subtile que nous. Ils sont véritablement parfait, et leur attribuer la moindre imperfection est faire preuve d'impiété.
Parce qu'ils sont parfaits, ils sont parfaitement heureux. Parce qu'ils sont parfaitement heureux, ils n'ont besoin de rien pour être plus heureux, et leur bonheur ne dépend de rien. Ils sont donc totalement indifférent aux affaires humaines.
Homère et la tradition ont donc tort : les mythes sont des mensonges, et les dieux n'interviennent jamais dans le monde.
Les dieux selon le Portique
Le monde tout entier est animé et organisé par un principe divin, qui peut être appelé "âme du monde", "Logos", "Pneuma" (souffle, esprit) ou encore "feu créateur" et "Zeus". Ce principe divin n'est pas pour autant différent de la matière : il est en chaque chose, et le monde est plein de lui, comme une éponge pleine d'eau.
Le divin est par excellence ce qui agit dans le monde, puisque tout ce qui agit est divin. Il est aussi parfait, et lorsque l'on croit voir des imperfections dans le monde, c'est que notre esprit fait preuve de faiblesse et est incapable de voir la beauté de l'ensemble.
Les mythes sont vraies, mais doivent être interprétés, et chaque dieux est un aspect du principe divin du monde.
Il est aussi tout à fait acceptable de croire que les dieux agissent dans le monde, comme le veut la tradition, par les oracles notamment, puisque chaque chose est liée, et la force qui anime chaque chose individuellement est aussi celle qui anime de manière harmonieuse l'univers tout entier.
Textes antiques, pour approfondir
Extrait de la Lettre à Ménécée, de Epicure, fondateur du Jardin :
Hymne à Zeus, de Cléanthe, second maître du Portique :
Je vais présenté ici les pensées opposées de deux écoles dominantes à propos des dieux : l'épicurisme (le Jardin) et le stoïcisme (le Portique).
Les dieux selon le Jardin
Les dieux, comme nous -et comme chaque chose- sont matériels, mais ils sont faits d'une matière beaucoup plus subtile que nous. Ils sont véritablement parfait, et leur attribuer la moindre imperfection est faire preuve d'impiété.
Parce qu'ils sont parfaits, ils sont parfaitement heureux. Parce qu'ils sont parfaitement heureux, ils n'ont besoin de rien pour être plus heureux, et leur bonheur ne dépend de rien. Ils sont donc totalement indifférent aux affaires humaines.
Homère et la tradition ont donc tort : les mythes sont des mensonges, et les dieux n'interviennent jamais dans le monde.
Les dieux selon le Portique
Le monde tout entier est animé et organisé par un principe divin, qui peut être appelé "âme du monde", "Logos", "Pneuma" (souffle, esprit) ou encore "feu créateur" et "Zeus". Ce principe divin n'est pas pour autant différent de la matière : il est en chaque chose, et le monde est plein de lui, comme une éponge pleine d'eau.
Le divin est par excellence ce qui agit dans le monde, puisque tout ce qui agit est divin. Il est aussi parfait, et lorsque l'on croit voir des imperfections dans le monde, c'est que notre esprit fait preuve de faiblesse et est incapable de voir la beauté de l'ensemble.
Les mythes sont vraies, mais doivent être interprétés, et chaque dieux est un aspect du principe divin du monde.
Il est aussi tout à fait acceptable de croire que les dieux agissent dans le monde, comme le veut la tradition, par les oracles notamment, puisque chaque chose est liée, et la force qui anime chaque chose individuellement est aussi celle qui anime de manière harmonieuse l'univers tout entier.
Textes antiques, pour approfondir
Extrait de la Lettre à Ménécée, de Epicure, fondateur du Jardin :
- Spoiler:
- Attache-toi donc aux enseignements que je n’ai cessé de te donner et que
je vais te répéter ; mets-les en pratique et médite-les, convaincu que ce sont là
les principes nécessaires pour bien vivre. Commence par te persuader qu’un
dieu est un vivant immortel et bienheureux, te conformant en cela à la notion
commune qui en est tracée en nous. N’attribue jamais à un dieu rien qui soit en
opposition avec l’immortalité ni en désaccord avec la béatitude ; mais regarde-le
toujours comme possédant tout ce que tu trouveras capable d’assurer son
immortalité et sa béatitude. Car les dieux existent, attendu que la connaissance
qu’on en a est évidente.
Mais, quant à leur nature, ils ne sont pas tels que la foule le croit. Et l’impie
n’est pas celui qui rejette les dieux de la foule : c’est celui qui attribue aux dieux
ce que leur prêtent les opinions de la foule. Car les affirmations de la foule
sur les dieux ne sont pas des prénotions, mais bien des présomptions fausses. Et
ces présomptions fausses font que les dieux sont censés être pour les méchants
la source des plus grands maux comme, d’autre part, pour les bons la source des
plus grands biens. Mais la multitude, incapable de se déprendre de ce qui est
chez elle et à ses yeux le propre de la vertu, n’accepte que des dieux conformes
à cet idéal et regarde comme absurde tout ce qui s’en écarte.
Hymne à Zeus, de Cléanthe, second maître du Portique :
- Spoiler:
- O! toi, qui as plusieurs noms, mais dont la force est une et infinie ! O Jupiter, le premier des immortels, souverain de la nature, qui gouvernes tout, qui soumets tout à une loi ! je te salue; car il est permis à l’homme de t’invoquer. Tout ce qui vit, tout ce qui rampe, tout ce qui existe de mortel sur la terre nous naquîmes de toi, nous sommes de toi une fidèle image. Je t’adresserai donc mes hymnes, et je ne cesserai de te chanter. Cet univers suspendu sur nos têtes, et qui semble rouler autour de la terre, c’est à toi qu’il obéit il marche et se laisse, en silence, gouverner par ton ordre. Le tonnerre ministre de tes lois, repose sous tes mains invincibles ; ardent, cloué d’une vie immortelle, il frappe, et la nature s’épouvante. Tu diriges l’esprit universel qui anime tout, et vis dans tous les êtres; tant, ô vrai Dieu suprême ! ton pouvoir est illimité, et souverain! Génie de la nature! dans les cieux, sur la terre, sur les mers, rien ne se fait, ne se produit sans toi, excepté le mal, qui sort du cœur du méchant. Par toi, la confusion devient l’ordre; par toi, les éléments qui se combattent, s’unissent. Par un heureux accord, tu fonds tellement ce qui est bien avec ce qui ne l’est pas, qu’il s’établit, dans le tout, une harmonie générale et éternelle. Seuls, parmi tous les êtres, les méchants rompent cette grande harmonie du monde. Malheureux, ils cherchent le bonheur, et ils n’aperçoivent point la loi universelle, qui, en les éclairant, les rendrait, à la fois, tous bons et heureux ; mais tous, s’écartant du beau et du juste, se précipitent chacun vers l’objet qui l’attire ils courent à la renommée, à de vils trésors, à des plaisirs qui en les séduisant, les trompent. O Dieu qui verses tous les dons! Dieu à qui les orages et la foudre obéissent ! écarte de l’homme cette erreur insensée ; daigne éclairer son âme ; attire-la jusqu’à cette raison éternelle, qui lui sert de guide et d’appui dans le gouvernement du monde, afin qu’honorés nous-mêmes, nous puissions t’honorer à ton tour, célébrant tes ouvrages par un hymne non interrompu, comme il convient à l’être faible et mortel car, ni l’habitant de la terre, ni l’habitant des cieux n’a rien de plus grand que de célébrer dans la justice la raison sublime qui préside à la nature.