Le temple d'Artémis à Éphèse
La quatrième Merveille du monde antique
Pour élever ce chef-d’œuvre de l'art ionien qu'est le temple d'Artémis à Éphèse en Asie Mineure, il a fallu, dit-on, près de 120 ans. Les trois architectes chargés de sa conception, Chersiphron, son fils Mètagénès et Théodoros, décidèrent vers 560 av. J.-C., d'ériger en l'honneur de la déesse chasseresse le plus grand monument de toute la Grèce archaïque. Ils employèrent pour cela un marbre identique à celui utilisé lors de la fondation de la ville d'Éphèse, plusieurs siècles auparavant, et réalisèrent un édifice qui fut bientôt considéré comme l'une des Sept Merveilles du Monde.
Incendié à maintes reprises, le temple d'Artémis à Éphèse fut à chaque fois reconstruit. Aujourd'hui pourtant, il ne reste de cet immense édifice appelé l'Artémision que quelques pierres éparses, situées non loin de la ville turque de Selcuk. Pour se faire une idée de ce que fut le temple antique, il faut se rendre à Didymes où fut érigé, à la même époque, un temple identique consacré à Apollon.
Les architectes conçoivent un édifice démesuré
Les dimensions colossales et la magnificence du temple d'Artémis suscitent l'admiration unanime des voyageurs de l'Antiquité. Il n'y a jamais eu, jusque-là, de sanctuaire aussi grandiose : 55 mètres de façade, 115 mètres de long et 127 colonnes, offertes par autant de souverains de tout le bassin méditerranéen. Édifié sur un socle de treize marches, pour grandir encore une silhouette déjà si imposante, l'édifice est plus que majestueux.
A la différence de la plupart des temples antiques où le sanctuaire est fermé par un toit, le temple d’Éphèse s'ouvre sur le ciel. Il est en effet trop vaste pour que l'on puisse imaginer une charpente adaptée. Ses architectes optent donc pour une immense cour, dominée par la statue de la déesse. Par une grande porte précédée d'un vestibule, on rejoint l'énorme escalier qui donne accès à la gigantesque cour intérieur.
Le temple archaïque doit surpasser celui de Samos
Quelque temps avant la construction de l'Artémision, le nouveau temple d'Héra fait la renommée de l'île égéenne de Samos. Blessés dans leur orgueil, les habitants d'Éphèse décident que leur nouveau temple doit surpasser celui de l'île rivale. Le temple d'Artémis, construit entièrement en marbre, sera le plus grand bâtiment de son époque.
Pour éviter que les tremblements de terre n'ébranlent l'édifice, ses fondations sont établies sur une couche de charbon de bois recouverte de peaux de bêtes. Le grand temple enfin érigé présente un plan diptère, une double rangée de colonnes de 19 mètres de haut et de 1,20 mètre de diamètre encadrant chaque côté du bâtiment.
Incendié, le temple est reconstruit avec l'aide d'Artémis
Dans la nuit du 21 juillet 356 avant notre ère, la nuit même de la naissance d'Alexandre le Grand, un inconnu nommé Hérostrate, pour que son nom soit ainsi immortalisé, incendie le temple d'Artémis. Lorsque Alexandre vient à Éphèse, un nouveau temple, plus orné encore que l'ancien, est en construction.
Le plan existant n'a subi aucune modification et le nouveau monument présente un aspect semblable au précédent. Mais des sculpteurs célèbres et talentueux, tels Scopas et Praxitèle, œuvrent dans la nouvelle construction pour la décoration de l'autel et des 36 colonnes de la façade. Les sculptures en relief de ces colonnes appelées columnae caelatae se situent juste en dessous des chapiteaux, ainsi que sur les bases.
La masse des architraves qui reposent sur ces colonnes est estimée à plus de 20 tonnes. L'immense difficulté de leur positionnement à une vingtaine de mètres de hauteur nourrit la légende populaire selon laquelle Artémis elle-même est venue les placer.
Le temple d'Artémis a été édifié sur le même modèle que celui d'Apollon
Aujourd'hui, les archéologues se penchent sur la vaste cuvette du site du temple d'Artémis et les fouilles ont déjà permis la découverte d'un grand nombre d'objets votifs en or, argent ou terre cuite, ainsi que des monnaies. On peut déduire avec certitude qu'un véritable jardin zoologique entourait le temple de la chasseresse.
L'étude du temple d'Apollon à Didymes est d'une aide précieuse pour imaginer la structure de celui d'Artémis, sa sœur jumelle. Construit à la même époque et par les mêmes architectes, ce temple est la copie conforme de celui d’Éphèse.
- Pour aller plus loin:
- Artémis la grande
- Spoiler:
- L'une des deux statues découvertes dans le Prytanée d’Éphèse, celle qui est connue comme Artémis la grande, est une copie datant du Ier siècle de la grande statue de l'Artémision. Sur la tête de la déesse, une tiare à trois étages est ornée de hauts-reliefs. Autour de son cou, on remarque deux rangées de colliers, mais surtout sur la poitrine, une accumulation d'objets étranges. Parfois assimilés à des œufs, symbole de fécondité, ou à des abeilles, emblème d’Éphèse, on les prend souvent pour desseins multiples, appelés "polymastros". La thèse que l'on retient aujourd'hui est celle de testicules de taureaux, sacrifiés au nom de la déesse.
La Banque d'Artémis- Spoiler:
- La cité d'Artémis jouit d'un emplacement naturel privilégié. Blottie au fond d'une baie bien abritée, à l'embouchure du Caystre, Éphèse se trouve également sur la grande voie commerciale qui traverse l'Anatolie. Or et argent coulant à flots, les marchands grecs et romains, reconnaissants, reversent à la déesse une partie de leurs gains. Avec le temps, le richissime temple devient même la plus grande banque de l'Antiquité, car le Grand Prêtre, chef des Eunuques qui gèrent les richesses du temple, est également chargé d'accorder des crédits sur le budget du temple.
Terre d'accueil pour la mère de Jésus- Spoiler:
- La cité antique d'Éphèse est célèbre pour son culte d'Artémis et son rayonnement dans tous les pays de la Méditerranée. L'Éphèse chrétienne est moins connue. Pourtant, cette ville est, selon l'Apocalypse de Jean, le siège de la première des sept Églises d'Asie. Ayant fui Jérusalem en compagnie de Marie et de Marie-Madeleine, l'apôtre Jean y trouve refuge avant d'y fonder une communauté. Cette ville dans laquelle Marie et Jean auraient trouvé la mort, aurait pu devenir, comme Rome ou Byzance, une des capitales du christianisme. Au contraire, l'église chrétienne d'Éphèse est longtemps restée clandestine.
Crédits :
Auteur : Susan McCrannCopyright Éditions Atlas 2003